Béton en Côte d’Ivoire

Il est aujourd'hui devenu rare de se promener dans la ville d’Abidjan, sans tomber cette scène: des tôles entourent un site qui grouille d’activités d'hommes et de femmes, armés de truelles, pelles, règles et seaux-maçon qui s’activent autour d’une fouille recevant, d’un camion-citerne à travers une goulotte d’extrémité, un produit gris liquide appelé par les professionnels le « béton ». Au fil des ans, le béton s'est imposé comme la matière première de la construction en Côte d'Ivoire.

Nous vous proposons l'analyse de l'évolution de ce matériau aux propriétés remarquables.

Telle une pierre liquide

Le béton est un matériau manufacturé de construction qui ressemble à de la pierre. Il est fabriqué sur chantier ou en centrale à partir du mélange, selon des proportions bien définies de granulats de tailles diverses, d’un liant (généralement du ciment) et d’eau. Le résultat obtenu est une pierre liquide qui épouse les contours les plus divers (maniabilité) et qui durcissant dans le temps possède à terme une très bonne résistance. 

Béton en Afrique

On ne peut faire l’histoire du béton sans aborder l’histoire du ciment car le premier n’aurait pu exister sans le dernier. Il s’agit donc d’une histoire commune qui commence, dès 2630 (plus de 5000 ans pour la chronologie longue) avant notre ère, lorsque les premiers ingénieurs connus de l'humanité, les techniciens négro-égyptiens avec à leur tête le génial Imhotep utilisèrent un mortier de ciment fait de gypse calciné pour hourder et couler en place les blocs de calcaire (théorie du ciment géopolymère de Davidovits) constituant la Meru de Djoser (première pyramide de l'humanité).

Meru de Djoser (source: Wikipédia)

Avec la fin de l’ère des Meru et l'occupation de Kemet (l'Egypte antique) par les envahisseurs venus d'orient, cette technologie de construction à grande échelle disparaître au fil des siècles. Elle va être redécouverte en Europe en 1756 à la faveur des travaux de l’ingénieur britannique John Smeaton qui remarqua que le mélange de chaux, d’argile et de scories ferreux produisait un mortier qui durcit dans l’eau. En 1824, John Aspdin proposa la formule du ciment Portland. Son fils William Aspdin va modifier la formule de base qui moyennant quelques améliorations demeure encore aujourd'hui la formule que nous utilisons pour la construction de routes, barrages, bâtiments et ponts (ouvrages d’art).

En Côte d’ivoire, l’introduction moderne du béton est corrélée à l'asservissement coloniale française à la fin du 19ème siècle et au début des années 1900. Les constructions d'ouvrages tels que le palais de justice de Grand-bassam (vers 1911), le Pont de Tiassalé (1934), le 4ème wharf à Sassandra (1951) en sont des illustrations…

Ancien Palais colonial de Justice de Grand-Bassam

A ce jour, l’ouvrage d’art en béton le plus long de Côte d’Ivoire est le 3ème viaduc de la capitale baptisé pont Henry Konan Bédié (longueur : 1,5 km). Des études sont également en cours pour la construction du plus haut gratte-ciel du pays qui sera appelé la Tour F. Certaines sources proches du dossier évoquent une hauteur de 260 m.

Sable, gravier et ciment

Bien que la composition du béton soit tributaire de sa destination, d’une manière générale, le béton est composé de :

• Sable : Il est généralement extrait des lagunes ou des cours d’eau dans la région d’Abidjan. Dans les régions de l’hinterland où le gisement de sable n’est pas suffisant, les constructeurs ont recours à du sable issu du concassage des roches granitiques, ce sable correspond à la fraction 0/5.
• Graviers : Les graviers constituent l’une des composantes essentielles du béton. Ils sont produits dans des carrières de roches et sont identifiés par leurs classes granulaires : 4/10, 5/10, 15/25, 5/25 etc…
• Ciment : le ciment est le liant hydraulique qui permet d’agglomérer les sables et les graviers entre eux. Trois (03) types de ciments sont couramment utilisés dans le secteur ivoirien : CPJ, CPA et CHF.

Silo d'une cimenterie en construction à Abidjan

Problématique de la qualité

En phase d’exécution d’un projet de génie civil, lorsque l’équipe technique effectue les calculs nécessaires au dimensionnement des ouvrages, elle émet des hypothèses, sur la qualité du béton, qui deviennent des exigences à respecter durant les travaux. Ces exigences fixant la qualité du béton tiennent compte de paramètres tels que :

• Résistance du béton: La résistance du béton est un concept scientifique portant sur la capacité du béton à supporter sans rupture ou déformation des efforts (poids, poussées ou chocs) qui lui sont appliqués. Elle est déterminée par des essais in situ ou en laboratoire et peut être exprimée sous deux formes : la résistance en compression et la résistance en traction. De manière pratique pour des chantiers de moyenne ou faible importance, c’est la résistance en compression qui est examinée. Elle est déterminée par l’écrasement d’éprouvettes de béton réalisé par un organisme agréé appelé laboratoire.

• État de plasticité ou la consistance du matériau: La maniabilité quant à elle désigne l’état de plasticité du béton déterminé par la facilité avec laquelle celui-ci peut être mis en œuvre. Cette facilité dépend de la quantité d’eau que contient le mélange de béton. Il existe plusieurs essais permettant de mesurer cette maniabilité, la plus répandue en Côte d’ivoire est la mesure de l’affaissement au cône d’Abrams.

Enfin, fabriquer un béton de qualité consiste en trois (03) règles fondamentales :

• Faire un bon choix des constituants (granulats, eau, adjuvants et ciment) ;
• Faire un dosage juste de chacun de ces constituants ;
• Faire un bon malaxage (mélange) des ces constituants.