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Légende: Chaîne complète de production du ciment. |
Dans un de mes
articles précédents (pourquoi le prix du ciment reste-t-il élévé?), je faisais remarquer que le prix élevé du ciment en Côte d’ivoire résulte de la nature des usines locales consistant uniquement en des
unités de broyage du clinker avec le gypse pour donner le ciment.
Dans le présent article, je tente une ébauche de solution en mettant en exergue le potentiel dont dispose la Côte d'Ivoire pour une production locale du clinker qui déboucherait sur une baisse du prix du ciment.
Dans le présent article, je tente une ébauche de solution en mettant en exergue le potentiel dont dispose la Côte d'Ivoire pour une production locale du clinker qui déboucherait sur une baisse du prix du ciment.
Dans la structure de prix du ciment, le coût du clinker détermine à lui seul presque le tiers (1/3) du prix de revient du ciment. Ce caractère décisif du clinker dans le prix du ciment découle de l'importance des ressources qui sont mobilisées pour la production de ce matériau.
Le clinker servant à la production du ciment en Côte d'ivoire est importé. Cette situation rend irrationnel pour les entrepreneurs, l'idée de réduire de réduire le coût du ciment en spéculant sur le clinker. Pour spéculer à la baisse, il leur faudrait pouvoir optimiser le coût de production du clinker grâce à la marge de manœuvre qu'offre toute production par soi-même et pour soi-même.
Produire localement le clinker devient donc une problématique cruciale à résoudre. Du coup, il devient pertinent de se demander: Est-ce possible de créer une industrie complètement locale du ciment ?
Il relève du domaine commun aujourd’hui que pour créer une industrie il faut réunir deux (02) conditions: la matière première et l'énergie. L’industrie cimentière ne déroge pas à la règle.
Le clinker servant à la production du ciment en Côte d'ivoire est importé. Cette situation rend irrationnel pour les entrepreneurs, l'idée de réduire de réduire le coût du ciment en spéculant sur le clinker. Pour spéculer à la baisse, il leur faudrait pouvoir optimiser le coût de production du clinker grâce à la marge de manœuvre qu'offre toute production par soi-même et pour soi-même.
Produire localement le clinker devient donc une problématique cruciale à résoudre. Du coup, il devient pertinent de se demander: Est-ce possible de créer une industrie complètement locale du ciment ?
Il relève du domaine commun aujourd’hui que pour créer une industrie il faut réunir deux (02) conditions: la matière première et l'énergie. L’industrie cimentière ne déroge pas à la règle.
Chaîne de production du ciment
Le processus de
production du ciment peut être scindé en deux étapes principales: la production
du clinker et la fabrication du ciment.
- la production du clinker
Elle se fait par
cuisson de matières premières (calcaire, argile, et éventuellement cendres
volantes, pouzzolanes etc...) dans de hauts fourneaux à une température
comprise entre 1400 et 1500ºC. Ces hautes températures sont atteintes par
utilisation de combustibles tels que la houille, le pétrole et ses dérivées, le
gaz etc… La consommation calorifique est comprise entre 3.000 et 8.000
Mégajoulej/tonne de clinker. On en déduit que pour produire une (01) tonne de
clinker, il faut brûler entre :
- 90 à 240 kg de charbon;
- 79 à 210 kg de gaz naturel;
- 70 à 186 kg de diesel
- la fabrication du ciment
Dans cette étape, le
clinker est co-broyé avec du gypse dans un broyeur rotatif alimenté à
l’électricité. On estime qu’une consommation de 70 à 160 kwh d’électricité est
nécessaire pour obtenir une (01) tonne de ciment.
On déduit que les facteurs conditionnant une production totalement locale du
ciment sont :
- la présence de gisements de calcaire et d’argile
- la disponibilité de matières combustibles telles que le pétrole, le charbon ou le gaz
- la disponibilité de l'énergie électrique
La Côte d’ivoire
dispose t-elle de ses ressources?
Matières premières du clinker
Le clinker, principal
constituant du ciment, est obtenu à partir d’un mélange de calcaire et d’argile
et d’oxyde de fer éventuels.
Le calcaire est une
roche sédimentaire formée à partir de la décomposition de coquillages et de
squelettes de micro-algues et animaux marins. De ce fait, on le retrouve
principalement dans les zones marines anciennes ou les zones lacustres le long
des côtes à des profondeurs comprises entre 0 et 60 m. En Côte d’Ivoire, on a
trouvé des dépôts de calcaire le long de la bordure lagunaire entre Fresco et
la frontière avec le Ghana, c’est-à-dire le long du bassin sédimentaire
ivoirien. Ce calcaire se présente sous forme d’amas coquilliers dénommés
faluns. Une étude menée par la SODEMI aurait permis d’estimer les réserves de
calcaires côtiers à 310.000 tonnes. Cette quantité semble faible
comparativement à ceux exploitées dans les pays producteurs de clinker.
Par contre, on sait
également que du calcaire de type industriel a été exploité à Eboco près de la
lagune Aby durant la période d’occupation coloniale. De ce fait il n'est pas
exclu que de nouvelles prospections menées dans l’ensemble des zones lacustres
et avec pour point de départ la ville d’Eboco permettent de découvrir des
réserves à potentiel industriel. En tout état de cause, on retiendra que la
Côte d’Ivoire dispose d’un potentiel géologique qui doit être mieux étudié en
ce qui concerne le calcaire.
Par ailleurs, quand
bien même les réserves de calcaire seraient minimes à l’issue des prospections,
la proximité géographique avec les territoires possédant de plus grosses
réserves tels que le Sénégal ou la RDC facilite l’importation du calcaire pour
produire du clinker.
Si le potentiel en
calcaire est réel mais les réserves restant à être formellement identifiées,
l’argile lui ne fait pas défaut à la Côte d’Ivoire où la présence de l’argile y
est historiquement attestée. Ce matériau a servi à l’essor de la micro-industrie
potière depuis les temps les plus reculés à nos jours. Encore aujourd’hui, les
centres de production traditionnelle de poteries constitués en villages (tels
que le village des potiers de Tanou Sakassou, les villages de potiers de
Katiola ou encore le fameux village de potières de Montiamo dans l’est du pays)
confectionnent et distribuent les poteries de très bonne qualité.
Par ailleurs, les
résultats des prospections réalisées par la SODEMI entre 1963 et 1970 ont
permis d’identifier d’énormes réserves d’argile qui restent faiblement
exploitées :
- près de Grand-bassam, on a
découvert des réserves estimées à 1,7 millions de m3
- le plateau de Gounioubé
situé à 15 km au nord-ouest d’abidjan renferme un gite évalué à 3,4
millions m3
- l’examen des plateaux du
Banco et d’Andokoua a relevé l’existence de réserves avoisinant le million
de m3 chacun
On l’aura remarqué,
toutes les prospections menées à ce jour se sont limitées à la région
d’Abidjan. Or nous sommes persuadés que le nord, le centre et l’est du pays en
tant que foyers historiques de production de poterie renferment des dépôts qui
n’attendent que d'être découvert.
En somme sur la
question des matières premières telles que le calcaire et l’argile, la Côte
d’Ivoire dispose d’un potentiel géologique appréciable qui méritent l’attention
des industriels locaux. De plus la position géographique du pays et ses ports
sont également des atouts non-négligeables qui doivent être mis en valeur.
Potentiel énergétique de la Côte d’Ivoire
Sans énergies il ne
peut y avoir d’industries car l'énergie est d’essence vitale à la production
d'échelle. En conséquence les industries s’implantent toujours là où il existe
une source d'énergie viable. A ce jour, les ressources de la Côte d’Ivoire sont
constitués principalement par le pétrole et le gaz naturel. A ceci s’ajoute la
biomasse issue de l’exploitation des produits agricoles de rentes.
Bien que les
prospections quant à la présence de gisement pétrolier dans le bassin
sédimentaire furent concluantes dès la période d’occupation coloniale,
l’exploitation pétrolière n’a démarré qu’en 1980. On aujourd’hui estime que
12,4 millions de barils de pétrole ont été produit durant l’année 2017.
L'actuel gouvernement entend lancer des nouveaux chantiers de prospection
qui pourraient aboutir à la découverte de nouveaux champs pétroliers et
gaziers. Une industrie du clinker serait une cliente idéale de ce pétrole qui
servirait à la production rendant ainsi plus dynamique l'économie intérieure.
Vers des combustibles alternatifs
Un indicateur
pertinent du rôle clé que jouera la biomasse dans la production en Côte
d’Ivoire est donné en les projets de création de centrale de production
d'électricité par biomasse. Faute d'audace entrepreneuriale, la biomasse
importante générée par le pré-traitement des cultures de rente ( le cacao, le
café, le palmiers à huile etc…) a pendant longtemps été gaspillée. Elle va
désormais être valorisée en tant que source d'énergie renouvelable et peut très
bien servir à produire la chaleur nécessaire à la clinkérisation. Un tel projet
d'usine à clinker chauffée totalement, au mieux, ou en partie, au pire, à la
biomasse mettrait l'Afrique et particulièrement la Côte d’Ivoire à
l'avant-garde de l'innovation en procédé industriel.
Pour ce qui est de
l'énergie électrique, servant principalement à la fabrication du mélange
ciment, je m'abstiendrai des détails dans la mesure où les unités de production
de ciment sont déjà en pleine installation témoignant qu'un problème de rareté
en électricité pour les usines ne se pose pas.
En résumé, la Côte
d’Ivoire dispose d'un potentiel avéré pour la production de clinker et du
ciment. Ce potentiel se décline en réserves naturelles de matières premières
abondantes pour l'argile, réserves à augmenter pour le calcaire, et en
ressources énergétiques telles que le pétrole, le gaz, la biomasse. Ces atouts
restent à être utilisés au profit de l'économie locale. L'industrie du ciment
étant un acteur clé de l'économie moderne basée sur la production, il importe
que des entrepreneurs locaux de préférence et le gouvernement s'y intéresse.
Sources et
bibliographies:
Bonjour Cher Monsieur
RépondreSupprimerPour la production de clinker locale, la seule ressource qui manque est le calcaire de qualité et en quantité suffisante.
C'est maintenant que la vive concurrence a obligé les cimentiers à entreprendre des recherches profondes pour toutes les matières locales susceptibles d'entrer dans la composition du ciment, c'est dommage qu'on ait perdu autant de devises avant d'agir. On nous avait même reprocher dans le temps de vouloir introduire des ciments de mauvaise qualité quand nous avions proposé les ciments composés type CPJ et de nouvelles classes de résistances. Cependant,les perspectives ne sont pas très reluisantes pour le calcaire
La solution d'importer le calcaire n'est pas pas du tout économiquement viable: Déjà,il vaut mieux transporter un produit transformé que sa MP. Les moyens de transport qui pourraient être envisagés sont inexistants et en fin la production de clinker n'est rentable que quand l'usine et la carrière sont dans un rayon de km