Introduction au Management du Feu dans le Bâtiment



L’incendie est un phénomène violent source d’inquiétude permanente dans le domaine du bâtiment. Lorsqu'il survient, il cause de nombreux désastres dont certains sont particulièrement dramatiques.

En novembre dernier, un incendie survient dans une cité policière à Yopougon (Abidjan). Il engendre des pertes en vie humaine et en biens matériels. Le 30 avril 2018, un incendie frappe, au Plateau, l’un des centres techniques, de Orange CI, un des opérateurs majeurs de télécommunications en Côte d’Ivoire. Le sinistre entraîne la dégradation considérable des services mobiles, fixes et internet pendant plus de 2 semaines dans la commune, centre des affaires du Pays. Le 6 décembre 2017, un incendie ravage l’usine de peinture Drocolor situé à Marcory (Abidjan). Le sinistre fait une victime et des dégâts matériels. Ces exemples montrent au professionnel de la Construction, qu’il soit Maître d’ouvrage ou praticien, la nécessité de prendre des mesures visant à assurer la sécurité des personnes et des biens face aux incendies.

Le présent article revient sur les techniques de protection développées en vue de prévenir ces évènements dramatiques.

TRIANGLE DU FEU 

Phénomène physique particulièrement dangereux, le feu est le fruit de l'occurrence simultanée de trois conditions : comburant, combustible et source de chaleur.
En effet, le comburant est généralement le dioxygène contenu dans l’air ambiant. Il est le catalyseur de la réaction. Son influence sur le feu se mesure par le niveau de ventilation du système.
Le combustible est le brûlé, il est consumé pour dégager le gaz carbonique et la vapeur d’eau. L’envergure du feu est dépend de la quantité de combustible et sa vitesse de combustion.
Enfin, la source de chaleur est l’étincelle de départ. Elle est appréhendée par les propriétés thermiques du bâtiment.

VERS LA RÉSISTANCE AU FEU

De l’analyse précédente, il est aisé de comprendre que la présence de combustible est la condition nécessaire du feu. Il est donc naturellement judicieux de concevoir des ouvrages pour lesquels l’ensemble des matériaux de construction ont une faible vitesse de combustion.

Cette stratégie a impliqué dans un premier temps de reconstituer d'une manière expérimentale différents types d'incendies dans le but de définir des lois générales sur la résistance au feu des éléments de construction et de structures des bâtiments et dans un second temps de normaliser un type de feu et de permettre la comparaison du comportement vis-à-vis de ce feu des matériaux de construction.

Ces travaux ont permis d’aboutir à une norme internationale, ISO 834 « Essai de résistance au feu - Elément de construction » et particulièrement à la courbe « température-temps normalisée», adoptée au niveau international pour indiquer la température atteinte dans un incendie conventionnel en fonction du temps.


"Tous les modèles sont faux, mais certains sont utiles."_ Georges Box 

Cette courbe connaît cependant de grandes variantes par rapport à la réalité car le feu reste un phénomène très aléatoire. On a tenté de résoudre ce problème par le développement d’autres courbes différentes tout en conservant entre elles toutes point commun pour la qualification des différents matériaux de construction.

PRÉVENTION ET PROTECTION 

Il est totalement impossible d’éliminer tout risque d’incendie dans un bâtiment, quel qu’il soit dans la mesure où il est utopique de vouloir utiliser uniquement des produits ininflammables pour la construction ou l’entretien d’un lieu. Toutefois le recours à des mesures préventives intégrées aux dispositions constructives des ouvrages permet de limiter les dommages du feu.
Ces différentes mesures, actives ou passives, visent à assurer la sécurité des usagers, à permettre aux équipes de secours d’intervenir sans entraves et à limiter la propagation de l’incendie à d’autres bâtiments. Pour cela, différentes réglementations ont été mises en pratique selon le type de bâtiment et leur capacité d’accueil de personnes :
  • ERP, établissements recevant du public logements 
  • Bureaux 
  • Bâtiments industriels et agricoles 
  • Entrepôts 
  • Parkings etc..
Dans tous les cas, ces bâtiments sont soumis à différentes mesures mêlant à la fois la protection active et la protection passive.

Protection active

La protection active vise à mettre en place des mesures dynamiques telles que la détection, les alarmes, le désenfumage ou encore les sprinkleurs. C’est également le cas lorsqu’elle concerne l’intervention d’êtres humains pour éteindre le début d’incendie ou évacuer la population prise au piège.

La protection active doit faciliter l’intervention des secours et de permettre une évacuation rapide et efficace. Cette dernière se doit d’être appliquée dès les deux premières phases de l’incendie afin de connaître un rendement optimal.

Plusieurs éléments permettant de réduire les dégâts du feu sont classés en protection active :
  • Les détecteurs de fumée 
  • Les consignes de sécurité et le balisage au sol ou en hauteur 
  • Les systèmes de désenfumage 
  • Les extincteurs ou les Robinets d’Incendie Armés 
  • Les sprinkleurs, ou réseaux d’extinction automatique
La présence des détecteurs de fumée dans les établissements recevant du public est la plupart du temps obligatoire. Les sprinkleurs sont quant à eux privilégiés dans les entrepôts et dans les bâtiments industriels stockant du matériel à plus grand risque inflammable.

Protection passive

Indissociable de la protection active lorsque l’on souhaite optimiser la sécurité incendie d’un bâtiment, la protection passive concerne quant à elle tous les moyens mis en œuvre pour limiter les effets néfastes du feu:
  • Résistance au feu 
  • Matériaux ou dispositifs coupe-feu 
  • Matériaux avec différentes réactions ou résistances au feu
La protection passive correspond au choix des matériaux en fonction de la stabilité globale au feu d’un bâtiment déterminée en heures et en fractions d’heure. La norme ISO 834 donne les détails de la procédure de dimensionnement.

CONCLUSION

Le feu est un élément destructeur mais on peut cependant le canaliser pour en diminuer les dommages comme on l’a vu précédemment. La prévention et la protection sont des éléments indispensables à la bonne résistance d’un bâtiment à un incendie. Il est important de prendre ces sujets en compte lors de la construction.

Illustration : Photo by Cullan Smith on Unsplash


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